Montpellier : les mouches empoisonnent les affaires à Garosud

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Source : Midi-Libre le 08/11/2015

MICHAËL MEILLER
Pour autant, la colère sourde des riverains est loin de battre de l’aile.

A Garosud, devant l’invasion, l’indignation gronde chez les professionnels.  « Au bureau, chacun à sa tapette en plastique. Quand je discute avec les clients, ils en ont plein la bouche ! »

Le fléau n’est pas nouveau mais, depuis mars dernier, il s’intensifie. Outre la fermeture de la brasserie La mère Michel, évoquée dans le Midi Libre de ce dimanche, d’autres riverains du parc d’activité Garosud ne sont pas épargnés par l’invasion de mouches. Et montent au créneau. « Au bureau, chacun à sa tapette en plastique. Quand je discute avec les clients, ils en ont plein la bouche ! Et je ne parle même pas des déjections qu’on a sur les ordinateurs ! », atteste, blague à part, Pascal Levesque, architecte.

Lequel ne se hasarde pas à ouvrir les fenêtres, sous peine d’une sanction immédiate. « Une nuit qu’on travaillait jusqu’à 1 h 30, on a ouvert. En un quart d’heure, on était envahi ! » Logée à la même enseigne, la boulangerie Marie Blachère. « Nous sommes impactés. Depuis cet été, j’ai vraiment un excès de mouches. Beaucoup de clients font demi-tour, ils trouvent ça répugnant. Pourtant, on nettoie très souvent et on leur explique que c’est à cause de l’usine de traitement des déchets située à côté. On ne peut pas utiliser des insecticides car nous travaillons dans l’alimentaire. Ça peut, à terme, mettre en péril notre chiffre d’affaires », déclare la gérante, Lucie Raphaël.

« Les métiers de bouche impactés »

Au cœur des préoccupations, l’usine de méthanisation Amétyst donc, implantée non loin de là. Ce à quoi Guillaume Ribour, son directeur, rétorque : « Tous les soirs, je vais faire mes courses à Grand Frais et acheter mon pain chez Marie Blachère. Cela ne m’empêche pas également de manger dans les commerces de bouche à proximité. Et je vous assure que je ne vois pas de mouches ! À l’usine, nous sommes alertés dès qu’il y a un épisode de nuisibles et nous déclenchons immédiatement une campagne de traitement. »

Pour autant, la colère sourde des riverains est loin de battre de l’aile. Car, ce constat, François Vasquez, porte-parole de l’association des Riverains de Garosud, le partage amèrement : « J’ai eu confirmation qu’il y a, ces dernières semaines, une recrudescence de mouches et les métiers de bouches sont évidemment impactés. » Avançant deux hypothèses : « Une baisse des moyens mis en œuvre pour traiter les nuisibles afin de compenser des coûts d’exploitation conséquents alors que, dans le même temps, l’usine ne valorise rien. Et le changement de mode de fonctionnement » qui tendrait à allonger la période de maturation des déchets pour atteindre l’objectif escompté : 33 000 t/an de compost.

Une utopie et aberration économique selon le porte-parole qui rappelle que « l’an dernier, l’usine n’a valorisé biologiquement que 175 t de compost ! » Une fois installées, les premières rigueurs automnales, qui viennent à bout des mouches, adouciront-elles les tensions ?

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Patrick Boulé

Président ARGS

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